Le poirier de Varengeville-sur-mer
Poussé par le soleil printanier et profitant d'un passage à Dieppe, j'ai fait un petit détour sur mon chemin pour me rendre aux pieds d'un vieux et magnifique poirier, poussant sur la commune de Varengeville-sur-mer.
Je m'étais dit, après avoir vu en bord de Seine des poiriers d'ornement déja fleuris, que ce serait peut etre aussi son cas mais je dois avouer que j'ai été un peu optimiste; il est plein de boutons, gonflés et prets à éclore, mais il faudra encore un peu de patience pour pouvoir profiter de sa floraison qui s'annonce prometteuse, comme à l'accoutumée.
L'arbre est vieux et trapu, son tronc fendu et boursoufflé laisse passer la lumière et le vent mais il est toujours debout et semble bien portant, ceinturé par une longue chaine qui le maintient uni et sans laquelle il se serait probablement écroulé, victime d'une forme aigue de schizophrénie arboricole, maladie dommageable autant que malheureusement fréquente chez de nombreux arbres lorsque sur leurs branches le poids des années s'accumule lentement jusqu'à un jour les écraser.
Mais fort heureusement, pour lui tout va bien, gràce à l'heureuse initiative du propriétaire des lieux, que je remercie en passant pour son accueil chaleureux.
J'en ai profité pour lui poser quelques questions sur l'arbre et si je n'ai rien appris de nouveau quant à son àge ou à la variété des poires qu'il porte, j'ai néanmoins pris connaissance de certains éléments intéressants relatifs à son histoire récente.
L'arbre était encore haut au début des années 70, une de ses deux charpentières menaçant meme par sa hauteur le batiment voisin. Elle fut supprimée par le propriétaire tandis que la deuxième se brisa peu de temps après au cours d'une tempète.De ces informations on peut déduire que les branches qui aujourd'hui constituent le houppier de l'arbre ont un peu moins de quarante ans et cela permet de mesurer quelle a été la vigueur de l'arbre au cours de ces années.
Le fait que le tronc soit creux est le resultat du travail d'un des chiens de la maison qui après avoir gratté le bois pourri y a aménagé ses quartiers.
Le chien y était d'ailleurs lors de la chute de la deuxième charpentière et cela ne fait aucun doute qu'à ce moment il a du penser que le ciel lui tombait sur la tete.
Cet arbre a déja été photographié de nombreuses fois et remarqué lors d'un inventaire mené par l'ACL de Saint Pierre les Elbeufs, gràce auquel je l'ai découvert.
Sébastien, un autre reporter arboricole normand lui a dernièrement consacré un article sur le blog du Krapo Arboricole, et comme je n'ai pas pris de mesures lors de ma visite, je me permet de lui emprunter les siennes, en espérant qu'il ne m'en tiendra pas rigueur.
L'arbre mesure près de 5 mètres de circonférence à 1m30 du sol, ce qui en fait à ma connaissance le plus gros poirier de tout le Far West.
Et pour terminer quelques mots sur le village de Varengeville-sur-mer.
C'est un de mes endroits préférés de la cote normande, très préservé et possédant outre ce poirier impressionnant, un patrimoine botanique impressionnant.
Le terrain acide se prete bien à la culture des plantes de terre de bruyère et c'est ici que s'est installé le jardin Shamrock en 1997, labellisé Collection Nationale d'Hydrangeas par le conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS).
Pour les amateurs autant que pour les simples curieux une visite s'impose afin de découvrir et se laisser surprendre par le monde foisonnant qui se développe sur les deux hectares du jardin.
Il y a aussi le Bois des Moutiers, parc magnifique de 12 hectares, aujourd'hui en vente et dont je ne sais pas s'il se visite encore. De cet endroit je garderais au milieu d'une foule de beaux souvenirs, celui de l'impression étrange que l'on ressent à regarder les fleurs de Rhododendrons par en dessous lorsqu'en pleine époque de floraison on se balades au milieu des arbustes du parc, haut de plusieurs mètres et aux couleurs éclatantes.
Je vous remercie pour avoir lu jusqu'ici cet article et vous dit à bientot.
Alexis